Plafonnement de l’ILC : impacts pour les pharmacies et les PME

Face à un contexte économique marqué par une forte inflation, le gouvernement a pris des mesures significatives pour protéger le pouvoir d’achat des entreprises françaises, notamment les petites et moyennes entreprises (PME). L’une des principales initiatives concerne le plafonnement de l’indice des loyers commerciaux (ILC) à 3,5 %, qui vise à limiter les hausses de loyers pour les entreprises locataires. Ce dispositif, initialement prévu pour une durée d’un an, a été prolongé jusqu’au premier trimestre 2024, témoignant de l’importance accordée à la stabilité financière des PME dans un environnement économique incertain.

Cet article examine les détails du dispositif, ses conditions d’application, et son impact sur les parties prenantes, tout en offrant des exemples concrets pour en illustrer le fonctionnement.

Présentation du dispositif

Le plafonnement de l’ILC découle de l’article 14 de la loi n°2022-1158 du 16 août 2022, qui fait partie des mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat. L’objectif principal est de limiter les hausses des loyers commerciaux à 3,5 % sur une période de quatre trimestres, réduisant ainsi les pressions financières exercées sur les PME. Cette initiative a été conçue en concertation avec les locataires, les bailleurs et l’administration.

La mesure s’applique aux loyers indexés sur l’ILC, qu’ils soient révisés annuellement de manière automatique, triennalement ou lors d’un renouvellement de contrat. Initialement prévue jusqu’au 1er trimestre 2023, cette limitation a été étendue pour une année supplémentaire par la loi du 7 juillet 2023.

Conditions d’éligibilité

Définition des PME

Pour bénéficier du plafonnement, les entreprises doivent être qualifiées de PME au sens du droit européen, conformément au règlement (UE) n°651/2014. Les critères incluent :

  • Un effectif inférieur à 250 salariés.
  • Un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros.

Ces seuils doivent être calculés en tenant compte de la structure de l’entreprise (autonome, partenaire ou liée).

Période d’application

Le plafonnement est applicable pour une période temporaire allant jusqu’au 1er trimestre 2024. Il couvre les indices des quatre trimestres suivants :

  • 2e trimestre 2023
  • 3e trimestre 2023
  • 4e trimestre 2023
  • 1er trimestre 2024

Ces indices, publiés trimestriellement par l’INSEE, servent de base pour le calcul des loyers plafonnés.

Application aux baux commerciaux

Types de révisions concernées

Le dispositif s’applique aux baux commerciaux où les loyers sont indexés sur l’ILC. Les principaux cas de figure incluent :

  • Révisions automatiques : lorsque le contrat contient une clause d’échelle mobile basée sur l’ILC.
  • Révisions triennales : demandées par le locataire ou le bailleur, conformément à l’article L145-37 du Code de commerce.
  • Renouvellements de bail : lorsqu’un nouveau contrat est signé à l’expiration du précédent, basé sur l’ILC applicable.

Exceptions au dispositif

Le plafonnement à 3,5 % ne s’applique pas dans certaines situations spécifiques, notamment :

  • Modification des facteurs locaux de commercialité entraînant une variation de plus de 10 % de la valeur locative.
  • Changement d’activité (ou déspécialisation) du locataire.

De plus, les contrats indexés sur d’autres indices, tels que l’indice des coûts à la construction (ICC) ou l’indice des loyers des activités tertiaires (ILAT), ne sont pas couverts par le dispositif.

Impact sur le calcul des loyers

Méthode de calcul

Le loyer révisé est calculé en fonction de la variation annuelle de l’ILC, selon la formule suivante :

Le loyer révisé est calculé comme suit :

Loyer (révisé) = Loyer (encours) x ILC(rev) / ILC (ref)

Lorsque la variation annuelle dépasse 3,5 %, la revalorisation est limitée à ce plafond. La formule ajustée devient alors :

Loyer (révisé) = loyer (encours) x (1 + 0,035) 

Exemples concrets

  • Révision annuelle
    Une PME paie un loyer mensuel de 500 €, indexé sur l’ILC du 1er trimestre 2022. Si l’indice augmente de 6,69 % au 1er trimestre 2023 :
    • Sans plafonnement : 500 × 1,0669 = 533,45€
    • Avec plafonnement : 500 × 1,035 = 517,50€
  • Révision triennale
    Un bail signé en 2020 avec un loyer de 500 €, révisé pour la première fois en 2023. Si l’ILC a augmenté de 10,71 % depuis 2020 :
    • Sans plafonnement : 500 × 1,1071 = 553,56€
    • Avec plafonnement : 500 × (1,0377 × 1,035) = 537,00€

Ces exemples illustrent clairement comment le plafonnement limite les hausses excessives et offre une stabilité aux entreprises.

Implications pour les parties prenantes

Pour les locataires

Les PME bénéficient d’une protection significative contre les hausses de loyers, ce qui leur permet de mieux maîtriser leurs coûts fixes et d’allouer leurs ressources à des priorités stratégiques. Ce dispositif est particulièrement bénéfique dans un contexte de forte inflation, où les augmentations non plafonnées pourraient peser lourdement sur leur trésorerie.

Pour les bailleurs

Bien que le plafonnement puisse limiter les revenus locatifs à court terme, il garantit une relation équilibrée avec les locataires. En réduisant les risques d’impayés ou de litiges, ce dispositif contribue à la pérennité des baux et au maintien des locataires dans les locaux commerciaux.

Perspectives économiques

En stabilisant les charges locatives, le plafonnement soutient la compétitivité des PME, qui représentent un moteur essentiel de l’économie française. Cela favorise également une reprise plus rapide et durable dans des secteurs particulièrement touchés par la crise.

Conclusion

Le plafonnement de l’indice des loyers commerciaux à 3,5 % constitue une mesure clé pour protéger les PME face à la hausse des coûts. En encadrant les augmentations de loyers, ce dispositif leur offre une marge de manœuvre précieuse pour investir et se développer, tout en préservant une relation équitable avec les bailleurs.

Pour les entreprises du secteur pharmaceutique, en particulier, cette initiative représente une opportunité d’optimiser la gestion de leurs coûts immobiliers. Pharmaly reste à disposition pour accompagner les entreprises dans la compréhension et l’application de ce dispositif, en leur offrant des solutions sur mesure pour naviguer dans cet environnement complexe.

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