Achat et cession de pharmacies : stratégies clés pour 2024

Le secteur pharmaceutique traverse une période de transition majeure. Sous l’effet combiné de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt, de l’augmentation des charges et du ralentissement économique global, les pharmacies doivent revoir leurs stratégies pour rester performantes. Ces défis, amplifiés par le retrait des revenus liés à la pandémie de Covid-19, redéfinissent la manière d’évaluer, d’acheter et de céder une officine.

Cet article propose une analyse approfondie des principaux enjeux liés aux transactions d’officines en 2024, en mettant en lumière les nouvelles approches pour s’adapter à un marché en pleine transformation.

Les défis économiques des pharmacies

Pression inflationniste et taux d’intérêt élevés

Historiquement considérées comme des commerces stables, les pharmacies subissent désormais les effets combinés de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation. Cette double pression a entraîné une augmentation des coûts d’exploitation, notamment en matière de loyers, de charges et de frais de personnel.

Les marges, déjà fragilisées, continuent de se contracter. Pour illustrer, une pharmacie située en centre-ville a vu ses charges augmenter de 10 % en un an, la contraignant à réduire ses marges et à revoir ses tarifs. Des investissements dans des outils de gestion plus performants deviennent alors indispensables pour optimiser les dépenses et préserver la rentabilité.

Disparition des revenus liés à la Covid-19

Durant la pandémie, de nombreuses officines ont bénéficié d’une source de revenus significative grâce à la vente de tests et de vaccins. Cependant, ces recettes exceptionnelles ont disparu, laissant un vide financier. Les bilans de 2023 reflètent cette nouvelle réalité, obligeant les acheteurs et les vendeurs à ajuster leurs méthodes d’évaluation.

Pour compenser cette perte, les pharmacies doivent diversifier leurs activités en proposant par exemple des services de santé complémentaires ou des produits de bien-être. Parallèlement, l’optimisation des coûts par la négociation avec les fournisseurs et la rationalisation des stocks devient une priorité.

Évolution des méthodes d’évaluation des officines

Vers une évaluation basée sur l’excédent brut d’exploitation (EBE)

Traditionnellement, les pharmacies étaient évaluées sur la base de leur chiffre d’affaires (CA). Cependant, cette méthode, trop simpliste, ne reflète plus la complexité économique actuelle. L’approche basée sur l’EBE, ajustée des éléments non récurrents comme les revenus liés à la Covid-19, devient désormais la norme.

L’EBE retraité offre une vue plus précise de la rentabilité réelle de l’officine, en excluant les fluctuations exceptionnelles. Par exemple, une pharmacie ayant généré des revenus importants grâce aux tests Covid-19 ne peut plus utiliser ces données comme indicateurs de sa performance future. Cette transition vers une évaluation plus détaillée représente un défi pour les acteurs habitués à une méthode simplifiée.

Gestion des médicaments coûteux

Les produits à forte valeur ajoutée posent des défis spécifiques. Ils génèrent souvent des marges faibles malgré leur impact significatif sur le CA. Pour éviter une surévaluation des officines, il est important de retraiter les chiffres liés aux produits dépassant un certain seuil de prix.

Par exemple, les médicaments dont le coût excède 150 € hors taxes peuvent être ajustés dans le CA global pour mieux refléter la réalité économique. De même, les produits extrêmement coûteux, au-delà de 1 930 € hors taxes, nécessitent une normalisation des marges pour assurer une évaluation juste et équilibrée.

Impact de la hausse des taux d’intérêt sur les transactions

Réduction de la capacité d’emprunt

La hausse des taux d’intérêt a un impact direct sur la capacité des acheteurs à financer l’acquisition d’une officine. Par exemple, un prêt de 1 million d’euros à 1 % générait des mensualités de 7 372 € sur 12 ans en 2022. Avec un taux porté à 4 % en 2023, le montant empruntable chute à 842 000 €, soit une diminution de 16 %.

Cette situation contraint les vendeurs à revoir leurs attentes financières, tandis que les acheteurs doivent augmenter leur apport personnel pour combler l’écart entre le prix de vente et le financement disponible.

Exigence de prévisionnels d’exploitation solides

Les banques, désormais plus prudentes, examinent attentivement les prévisionnels d’exploitation des pharmacies. Les projections financières doivent intégrer l’évolution des coûts et ajuster les marges pour tenir compte des fluctuations liées aux produits coûteux ou aux revenus exceptionnels.

Booster d’apport : une solution à double tranchant

Le booster d’apport, utilisé pour renforcer l’apport personnel des acheteurs, peut être une solution intéressante, à condition d’être employé avec précaution. Il ne doit jamais servir à justifier un prix d’achat excessif ou à masquer des faiblesses financières.

Une utilisation responsable consiste à combler une insuffisance temporaire de fonds propres, sans compromettre la viabilité économique de l’acquisition. Toute déviation de cet objectif peut mettre en péril la santé financière de l’acheteur.

Réflexion sur les SPFPL en période de taux élevés

Les sociétés de participation financière des professions libérales (SPFPL), autrefois très prisées, perdent de leur attractivité dans un contexte de taux d’intérêt en hausse. Cependant, lorsqu’elles sont utilisées dans une configuration commune, notamment pour détenir des parts majoritaires dans une société d’exercice libéral (SEL), elles offrent encore des avantages fiscaux notables, comme la déductibilité des charges et l’optimisation fiscale par l’intégration des résultats.

Conseils pour réussir une transaction d’officine en 2024

Revoir les méthodes d’évaluation
Adoptez des critères basés sur l’EBE retraité pour garantir une évaluation fidèle de la rentabilité.

Anticiper les taux d’intérêt
Ajustez les prix de vente pour tenir compte de la capacité d’emprunt réduite des acheteurs.

Élaborer des prévisionnels fiables
Intégrez les fluctuations de coûts et les spécificités des produits chers pour des projections réalistes.

Optimiser la structure financière
Explorez les avantages des SPFPL communes pour maximiser les bénéfices fiscaux.

Diversifier les activités
Proposez des services complémentaires pour compenser les pertes de revenus exceptionnels.

    Conclusion 

    Dans un environnement économique marqué par l’incertitude, l’achat ou la cession d’une officine nécessite une préparation minutieuse et un accompagnement adapté. En tant que cabinet d’expertise comptable spécialisé dans le secteur pharmaceutique, nous aidons les pharmaciens à relever ces défis grâce à une expertise éprouvée et des solutions sur mesure.

    Contactez-nous dès aujourd’hui pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé, qu’il s’agisse de maximiser la rentabilité de votre officine, de planifier une cession ou d’évaluer un potentiel d’achat. Ensemble, construisons une stratégie adaptée à vos objectifs et aux réalités du marché.

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